Strange Days : Un souvenir du futur qui est devenu notre présent
En 1995, j'avais 23 ans. L'an 2000 n'était alors qu'une date théorique avec laquelle j'avais toujours vécu. Je me demandais souvent ce que je deviendrais à l'aube de ce nouveau millénaire.
Cette même année sortait "Strange Days", le film d'anticipation de Kathryn Bigelow sur un scénario de James Cameron. Cette œuvre prophétique m'avait profondément marqué à l'époque. Son design visuel, sa narration et sa bande sonore en faisaient ce qui se produisait de mieux en science-fiction cyberpunk.
Du SQUID à l'Apple Vision Pro
Fast forward en 2025, 30 ans plus tard, et ce film m'est revenu en tête lors d'une de mes vidéos pour mon podcast "Des Images Qui Bougent". Avec l'avènement des casques de réalité mixte, particulièrement l'Apple Vision Pro, nous nous rapprochons finalement de la technologie SQUID du film - ce dispositif qui permettait d'enregistrer et de revivre les souvenirs et sensations d'autrui.
L'Apple Vision Pro, avec ses écrans Micro-OLED d'une définition supérieure à la 4K pour chaque œil et ses 23 millions de pixels, nous offre une immersion visuelle sans précédent Équipé de multiples caméras, capteurs et d'une puce dédiée au calcul spatial en temps réel, ce casque nous plonge dans une réalité augmentée qui aurait semblé pure science-fiction en 1995.
Un film prophétique oublié
Pourtant, revoir "Strange Days" s'est avéré étonnamment difficile. Impossible de le trouver sur aucune plateforme légale ! J'ai dû demander à un ami de dénicher une version piratée, puis me résoudre à monter un serveur local et installer VLC sur ma télévision. Quelle ironie que ce film sur le commerce des souvenirs se soit lui-même fait oublier.
Ce qui frappe en revoyant le film, c'est à quel point il a anticipé notre présent. Los Angeles y est dépeinte comme une ville sous tension permanente, où les inégalités sociales et le racisme ont atteint un point critique. Le personnage de Jeriko One, star du hip-hop prônant la résistance contre un système oppressif, est assassiné par des policiers lors d'un contrôle routier - une scène qui résonne douloureusement avec notre actualité.
Des performances inoubliables
Je n'oublie pas Juliette Lewis dans l'un de ses meilleurs rôles, incarnant Faith, cette rock star en devenir au bord du gouffre. Je n'oublie pas Ralph Fiennes alors qu'il jouait les jeunes premiers dans le rôle de Lenny Nero, ce dealer de souvenirs qui refuse de vendre des "snuff movies". Et comment oublier la présence de Skunk Anansie ou Vincent D'Onofrio dans l'un de ses premiers rôles de méchant?
Notre présent étrangement familier
Le monde de "Strange Days" est plus que jamais d'actualité. Raciste, violent, obsédé par la célébrité et pollué, mais aussi peuplé de personnes de bonne volonté. Alors que nous nous équipons de casques de réalité mixte toujours plus sophistiqués, la question se pose : sommes-nous en train de créer cette société où l'expérience virtuelle devient plus précieuse que la réalité?
En 1995, "Strange Days" nous montrait un futur inquiétant. En 2025, ce film nous sert de miroir troublant de notre présent. Et si la véritable prophétie du film n'était pas tant technologique que sociale?