Dans les coulisses de "Cœur Galactique" : Interview exclusive par Jules Ardent.
Un entretient recueillit pour de Paname la Nuit.
Paris Mercredi 19 mars 2025
À quelques heures du lancement très attendu de la série audio "Cœur Galactique", j'ai eu le privilège de m'entretenir avec son créateur, Seb Joncoux. Cette œuvre immersive de science-fiction s'apprête à emmener les auditeurs dans un voyage interstellaire captivant où technologie futuriste et exploration des failles humaines se rencontrent. Durant notre conversation, Seb m'a dévoilé les secrets de création de cet univers fascinant, de la conception des personnages jusqu'aux coulisses des enregistrements. Une plongée fascinante dans le processus créatif d'un space opera ambitieux qui promet de marquer le paysage de la fiction audio.
La naissance d'un univers galactique
L'étincelle créative
"Cœur Galactique est née il y a environ deux ans et demi, alors que j'étais en pleine production de ma série précédente, Sur la route du Silicium," m'explique Seb en s'installant confortablement. "J'avais besoin d'une respiration créative, d'imaginer quelque chose de complètement différent."
Ce qui frappe d'emblée, c'est l'origine même du titre. "La première molécule de Cœur Galactique, c'est vraiment l'association fortuite et heureuse des mots 'cœur' et 'galactique'. Ces deux termes se sont associés dans mon esprit et m'ont immédiatement fasciné. J'ai décidé de construire une histoire autour de la poésie évocatrice de ce titre."
Entre science et fiction
Seb précise que le cœur galactique est un phénomène scientifique réel. "C'est quelque chose qui existe vraiment, que la science analyse et explore, quelque chose qui structure toute notre réalité. Pourtant, j'ai constaté qu'il y avait peu d'occurrences de cette expression dans les fictions que je connaissais."
Cette lacune représentait une opportunité créative parfaite. "Je me suis lancé dans l'écriture en essayant d'imaginer ce que j'aimerais raconter, avec comme principe de base que ce serait un space opera, le style de récit de science-fiction que je préfère depuis toujours."
L'architecture des personnages
Jules Ardent : l'homme ordinaire face à l'extraordinaire
Contrairement à sa série précédente, Seb a choisi de centrer la narration autour d'un seul personnage principal. "J'ai décidé assez rapidement que la narration serait centrée sur un seul personnage et non sur un groupe comme dans Sur la route du Silicium. Je voulais explorer quelque chose de plus personnel."
Ce personnage, c'est Jules Ardent. "J'ai puisé dans mes propres travers pour faire vivre ce personnage. Jules est extrêmement imparfait, normal, quelconque même... mais il va se révéler à la hauteur de la tâche qui lui est confiée. C'était important pour moi de montrer qu'une personne ordinaire peut accomplir des choses extraordinaires."
Le nom même du personnage a fait l'objet d'une réflexion approfondie. "J'aime beaucoup les noms des personnages, ils sont très évocateurs et structurants. J'ai associé le prénom Jules, que j'apprécie beaucoup, avec Ardent qui vient d'un personnage de Jules Verne dans De la Terre à la Lune."
Seb confie également avoir doté Jules d'une caractéristique qui lui est familière. "Je voulais que Jules soit marqué par un besoin viscéral de validation extérieure, un fort besoin de reconnaissance qu'on m'a parfois reproché d'avoir moi-même. J'ai voulu explorer comment ce trait peut à la fois servir de carburant pour avancer dans la vie mais aussi constituer une faiblesse."
L'équipage : des personnages complexes et attachants
Autour de Jules gravitent plusieurs personnages fascinants, à commencer par Oriane Noblesse. "J'ai rapidement su que je voulais raconter une relation amoureuse asymétrique. Oriane est ce dispositif total de fascination et de frustration pour Jules. Elle ment, trompe, manipule, et permet ainsi au personnage de Jules d'évoluer au cours des trois saisons."
Le vaisseau vivant, Luma Espero, occupe une place centrale dans l'histoire. "Dès le début, je savais que j'allais proposer ce rôle à Marie de Heaulme, persuadé qu'elle ferait des merveilles pour incarner ce personnage."
L'intelligence artificielle Radiio, représentée par un tatouage mobile sur la peau de Jules, apporte une dimension technologique innovante. "Pendant longtemps, Radio devait être le téléphone de Jules. Mais en réfléchissant avec Etienne Auger, le directeur artistique, on s'est dit que c'était un peu dépassé comme concept pour 2055. Radio est donc devenu un tatouage mobile sur la peau de Jules. On peut littéralement dire que Jules a Radio dans la peau."
La forge d'un univers futuriste
Une technologie imaginaire crédible
La technologie occupant une place centrale dans tout bon space opera, Seb a consacré beaucoup d'efforts à créer un système de propulsion innovant. "Créer la technologie de luma Espero a été un chantier fascinant de cogitation et de pseudosciences. Je voulais trouver un système qui me passionne et qui paraisse nouveau par rapport à tout ce que j'avais déjà lu."
C'est lors de discussions avec Etienne Auger, le directeur artistique, qu'est née l'idée maîtresse. "Etienne a proposé d'utiliser les trous noirs comme système de propulsion. Cette idée m'a complètement inspiré et j'ai bâti toute la technologie du Nok’ Kha sur ce principe. Je trouve que ça crée quelque chose d'assez singulier, de puissant et d'évocateur. J'espère que les auditeurs apprécieront ce concept extrêmement visuel et riche d'un point de vue imaginaire."
De l'écriture à l'interprétation
Le processus d'écriture s'est étalé sur plusieurs mois. "Je suis parti à Berlin en Aout 2024 pour écrire le premier épisode, voire deux idéalement. J'ai commencé à écrire dans le train dès mon départ de la gare du Nord et j'ai gardé le rythme pendant toutes mes vacances. J'ai réussi à produire deux scripts, deux ébauches au sortir de cette session d'écriture."
Seb explique avoir travaillé avec Grégory Baranes qui relit tous ses scripts et le challenge sur la dramaturgie. "J'ai continué à travailler sur l'écriture jusqu'en janvier-février, où j'avais complété les cinq premiers épisodes. À ce moment-là, j'ai décidé d'arrêter pour me laisser la possibilité, pendant la production et les enregistrements, de modifier le cours des choses pour l'épisode final de la saison."
De la page aux micros
Le casting et les enregistrements
Le choix des acteurs s'est fait naturellement pour certains rôles. "Je savais d'entrée de jeu que j'allais proposer le rôle de Jules à Philippe Aufort. Il avait été narrateur dans mon aventure précédente, et cette fois je voulais qu'il soit plus libre dans son jeu et bénéficier pleinement de son talent d'acteur."
Pour le rôle de Sol, la narratrice qui incarne la soleille des solariens, c'est Élise Cances qui a été choisie. "C'est en voyant Élise jouer au théâtre une scène où elle narrait que j'ai compris qu'elle ferait une excellente narratrice. À la sortie de cette pièce, je lui ai proposé le rôle."
Seb a également fait une découverte inattendue lors de cette même représentation. "Dans cette pièce jouait également Klaasvan Kerckhoven, qui a immédiatement capté mon attention. Après discussion et présentation détaillée du projet, il a accepté de rejoindre l'équipe. C'était la première fois que j'embauchais un acteur que je ne connaissais absolument pas après avoir été séduit par son travail sur scène."
Un travail d'équipe
Le processus d'enregistrement a été méthodique. "J'ai enregistré les épisodes 1 et 2 en même temps, avec une grande partie du casting. Pour certains acteurs, nous avons fait des sessions solo où ils ont enregistré plusieurs épisodes d'affilée. Pour la narration de Sol avec Élise Cances, nous avons procédé épisode par épisode, car son volume de texte est plus important."
Un moment particulier du processus de création a été le week-end organisé en janvier. "Nous avons travaillé ensemble sur les personnages sans enregistrer. Nous avons exploré collectivement les trois premiers scripts pour faire exister les personnages ensemble et préparer les enregistrements. Ce travail d'équipe a été extrêmement précieux."
L'horizon galactique
Les plans pour la suite
Alors que la première saison s'apprête à être diffusée, Seb pense déjà à la suite. "Je prévois trois saisons avec environ six épisodes par saison. Je vais écrire l'épisode final de la première saison à Berlin à nouveau, bouclant ainsi la boucle commencée l'année dernière."
"Le rythme de diffusion sera d'environ un épisode toutes les trois semaines. Pour vous, l'aventure ne fait que commencer, mais pour moi, en termes de production et de création, le projet Cœur Galactique est déjà presque en train de se terminer pour cette première saison. C'est assez étrange de réaliser que pour les auditeurs, tout commence seulement maintenant."
Un message aux futurs voyageurs interstellaires
En conclusion de notre entretien, Seb a tenu à adresser quelques mots aux futurs auditeurs. "J'espère vraiment que vous allez vous plaire, que vous serez inspirés par ce récit. En tout cas, j'y ai mis vraiment beaucoup de mon cœur, sans jeu de mots. Tous les acteurs et actrices se sont donnés à fond pour faire vivre ces personnages."
"Bienvenue dans le cœur galactique. Bonne balade."